«Il vaut mieux gouverner un peuple instruit qu’un peuple ignorant », disait Bourguiba et il avait bien raison. Même si les problèmes avec un peuple instruit sont nombreux et complexes, il est plus profitable pour une nation d’opter pour le tout-enseignement comme c’est le cas en Tunisie où l’Etat a choisi de généraliser l’éducation et de la démocratiser dans toutes les régions même dans les zones reculées et d’accès difficile. Ainsi, de nombreuses écoles ont été créées dans tout le territoire pour faire du Tunisien un acteur positif et dynamique dans la vie socioéconomique.
C’est que la croissance économique dépend dans une large mesure des compétences disponibles dans le pays. Certes, le taux de chômage des diplômés du supérieur demeure encore élevé, toutes spécialités confondues, mais les perspectives peuvent s’annoncer prometteuses surtout si les investissements locaux et étrangers se multiplient et le nombre de projets devient plus important. Le côté jardin de la situation actuelle se traduit par un accès facile à l’enseignement et à l’obtention des diplômes de façon aisée.
Ainsi, plusieurs maîtrisards ont pu continuer leurs études pour décrocher un master professionnel dans une spécialité donnée. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ont pu être intégrés automatiquement dans la vie active. En effet, plusieurs diplômés sont encore en train d’attendre la bonne opportunité pour exploiter leurs connaissances apprises au profit de l’entreprise et de l’économie. Plusieurs établissements, publics et privés, proposent, de nos jours, ce fameux master qui atteste de la compétence de celui qui le détient et constitue, de ce fait, un plus et augmente les chances de décrocher un emploi. Mais il y a aussi le revers de la médaille dans le secteur de l’éducation. Malgré cette politique de la démocratisation de l’éducation et de l’enseignement depuis l’indépendance, il y a aussi le revers de la médaille. En effet, dans plusieurs zones rurales de la Tunisie, on recense plusieurs enfants en âge scolaire qui ne fréquentent pas les écoles.
Pourtant, la scolarité est gratuite et obligatoire. Certains pères de familles préfèrent orienter leurs enfants, les garçons et surtout les filles, vers les travaux agricoles ou domestiques plutôt que de les envoyer à l’école qui est considérée pour eux comme une perte de temps. Et ils justifient leur argument par le fait que plusieurs diplômés n’ont pas trouvé de travail malgré des années passées sur les bancs des écoles et des universités !
Il faut dire aussi que l’accès à l’école pour ces jeunes qui doivent parcourir chaque jour une dizaine de kilomètres est plein de risques et peut leur coûter la vie en l’absence de moyens de transport affectés pour le transport des élèves. La Tunisie est appelée à préserver cet acquis de taille qui a été concrétisé moyennant la mobilisation d’une enveloppe financière conséquente renouvelée chaque année pour instruire les élèves. L’économie ne peut s’épanouir à l’avenir que par la présence de compétences nationales bien formées. Dès l’âge scolaire, l’élève doit être orienté vers la spécialité dans laquelle il souhaite se former et poursuivre son cursus universitaire selon l’approche par compétence.